16/08/2025 reseauinternational.net  10min #287437

 Naïm Kassem : le désarmement du Hezbollah accusé de servir Israël

Ch. Qassem : Le gouvernement exécute les ordres américano-israéliens. Il assumera l'entière responsabilité de la zizanie interne

par Al Manar

Le secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Naïm Qassem a réitéré que «la Résistance ne rendra pas ses armes, tant que l'occupation israélienne persistera».

Dans un discours à l'occasion de la commémoration du 40ème jour du martyre de l'Imam Hussein, le numéro un du Hezbollah a affirmé que «nous sommes prêts à une bataille similaire à Kerbala contre le projet israélo-US et sommes sûrs de la victoire».

Cheikh Qassem a en outre critiqué la décision inconstitutionnelle du gouvernement de «priver le Liban de sa force et des armes capables d'affronter l'occupation israélienne».

Il a mis en garde contre tout conflit interne: «Soit le Liban survivra et nous resterons unis, soit il ne survivra pas, et vous en porterez l'entière responsabilité. Faites votre devoir pour assurer la stabilité, défendre et protéger le Liban, et ne participez pas à l'agression contre une composante entière. C'est notre terre. Soit nous vivons dignement ensemble et construisons ensemble sa souveraineté. Sinon, le Liban ne survivra pas si vous restez de l'autre côté».

Les principaux points de son discours

(...)

Nous construisons notre avenir sur la base de l'éducation Husseinie (combattre l'injustice jusqu'à la mort, ndlr)... Pour nous, chaque époque est une période de victoire, de don et de sacrifice.

Nous avons deux choix à chaque tournant de l'histoire: soit soutenir la voie de l'Imam Hussein, soit celle de Yazid.

Nous soutenons le Hussein de notre époque qui incarne le mouvement de résistance, la vérité contre le mensonge et la libération de la Palestine.

La Résistance d'aujourd'hui est le fruit de l'école de Karbala suivant la voie de l'Imam Hussein et constitue la vie de la nation.

Nous sommes contre le Yazid de cette époque, représenté par le tyran américain, le tyran israélien et tous ceux qui suivent leur méthode.

Commémoration de la victoire divine de 2006

Le 14 août 2006, notre victoire a été une victoire divine, car Dieu nous a aidés malgré le nombre inférieur de nos effectifs et nos équipement minimes, et malgré le grand nombre de ceux qui ont conspiré contre nous.

La victoire de 2006 a été une victoire de la volonté, de la résistance et de la libération, et une défaite pour 'Israël', que nous avons empêché d'occuper et de coloniser notre pays.

La victoire de juillet 2006 a été une victoire pour l'équation tripartite de l'armée, du peuple et de la résistance.

La victoire de juillet a dissuadé l'ennemi pendant 17 ans, et il a été incapable de lancer une agression par crainte de la présence et de la force de la Résistance. Durant ces années, la victoire a contribué à la reconstruction du sud-Liban.

Nous nous souvenons ici du rôle des dirigeants inspirants, guidés par le Maître des Martyrs de la Nation, Sayed Hassan Nasrallah, qui ont mené cette guerre avec courage, bravoure, confiance en Dieu et foi en la victoire.

Merci à la République islamique d'Iran, qui nous a soutenus financièrement, en armes, en capacités, et sur le plan politique.

La victoire de juillet 2006 est une victoire pour la Palestine contre l'ennemi de l'humanité, 'Israël', et ses commanditaires, les USA.

La Palestine restera la boussole. Tous les massacres, la famine et les destructions commis par Israël, appuyé par les USA, ne dissuaderont pas le peuple palestinien de résister.

Je le dis, comme l'ont dit les grands dirigeants : la Palestine triomphera, malgré tous les sacrifices, car la terre lui revient de par sa cause et ses dons. Telle est la loi de la vie. La victoire sera de leur for et nous resterons à ses côtés.

C'est la résistance qui donne des gages aux autres

La résistance est synonyme d'honneur, de fierté, de patriotisme et de souveraineté. C'est la résistance qui offre des gages aux autres et n'a besoin de gage de personne.

La résistance a libéré le Liban souverain et indépendant. On ne peut parler de souveraineté libanaise sans résistance.

La résistance est un don, et chaque résistance, qu'elle soit islamique ou affiliée à un autre groupe, est à l'origine de la libération du territoire du sud en l'an 2000 et de l'est en 2017 contre les groupes takfiristes, avec le soutien de l'armée libanaise, qui a contribué à cette bataille. C'est la résistance qui a libéré le choix d'un Liban souverain et indépendant.

La Résistance a empêché l'implantation de colonies par la milice israélienne de Lahad, elle a entravé la capacité d'Israël à imposer ses options, elle a empêché l'implantation des Palestiniens et a servi de pilier à la force du Liban face aux défis. Ce sont là des réalisations honorables.

Par contre, nous devons demander à ceux qui n'ont pas résisté : «Qu'avez-vous fait contre l'occupation de la terre? Qu'avez-vous fait contre les agressions à la souveraineté ?».

En novembre 2024, l'État a conclu un accord de cessez-le-feu. Conformément à cet accord, l'État a assumé la responsabilité de protéger la patrie et ses citoyens. La Résistance a aidé l'État à mettre en œuvre l'accord et à faciliter le déploiement de l'armée dans le sud.

Or, depuis la conclusion de cet accord, nous avons été pris pour cible, mais nous avons fait preuve de patience et de persévérance pour soutenir l'État et la renaissance du Liban.

Si nous voulons connaître la place de la Résistance dans le cœur des Libanais, nous pouvons nous fier au  sondage d'opinion réalisé par le Centre consultatif d'études, qui montre que la majorité des Libanais soutiennent la Résistance et sa poursuite.

Le gouvernement exécute les ordres américano-israéliens

Cependant, la décision du gouvernement du 5 août prive la résistance, les résistants et le Liban de leurs armes défensives en cas d'agression.

Le gouvernement exécute les ordres américano-israéliens de mettre fin à la résistance, même si cela conduit à une guerre civile et à une zizanie interne.

Le gouvernement est au service du projet israélien, qu'il en soit conscient ou pas.

Avez-vous remarqué la joie et les expressions de Netanyahu, qui estime avoir aidé le gouvernement à atteindre ce niveau. Pouvez-vous admettre que Netanyahu vous rende hommage?

Nous vous l'avons déjà dit : expulsez Israël, et nous vous fournirons toutes les facilités nécessaires pour discuter de la stratégie de sécurité nationale et de défense.

Ceux qui ont pris cette décision se justifient par la pression extérieure qu'ils subissent.

Si un agresseur venait à vous attaquer et vous demande de faire le choix entre le fait de tuer votre fils ou le tuer vous-même, que feriez-vous ? Et s'il vous offrait les richesses du monde en échange de la mort de votre fils, accepteriez-vous ? C'est une position de noblesse.

Mais vous voulez tuer vos compatriotes! C'est étrange !

Je vous le dis : n'ayez pas peur et ne vivez pas sous l'intimidation. N'ayez pas peur d'eux. Ce sont des lâches. Ils savent qu'ils perdront tout s'ils renversent tout le Liban.

Hélas, vous ne faites que vous protéger vous-mêmes et non le pays, même au prix de la vie de vos compatriotes.

Le Liban survivra-t-il?

Le Liban survivra-t-il ou restera-t-il stable si certains de ses conpatriotes se battent entre eux ?

(Cheikh Qassem au gouvernement) : Si vous vous sentez impuissants comme vous semblez l'être, laissez l'ennemi nous affronter à nous, et ne l'affrontez-pas à notre place.

Nous ne voulons pas que vous brandissiez le slogan de la libération, ni celui de la confrontation. Taisez-vous seulement. Restez de côté et laissez-nous les combattre. Tout comme les guerres d'Israël ont échoué dans le passé, elles échoueront aujourd'hui.

S'il vous demandent de faire ceci ou cela et de donner les ordres, dites-leur que vous ne pouvez le faire par crainte pour le pays. Dites-leur que nous voulons bâtir notre pays avec nos compatriotes. Dites-leur nous ne voulons pas attaquer nos citoyens et nos gens.

Que le gouvernement se réunisse pour planifier la riposte à l'agression, et non pour rendre le pays à un envahisseur israélien insatiable ou à un tyran américain dont l'avidité n'a pas de limite.

N'avez-vous pas vu le chef d'état-major israélien visiter le sud-Liban occupé, féliciter ses soldats et leur promettre davantage pour «Israël» ?

N'avez-vous pas entendu Netanyahu dire qu'il veut un Grand Israël ? Le «Grand Israël» veut dire toute la Palestine, des parties de l'Egypte, de la Jordanie, de la Syrie, et du Liban.

Nous aurions souhaité que certains pays arabes s'abstiennent de condamner et se contentent de se taire au lieu de soutenir tacitement l'ennemi dans ses frappes contre la Résistance.

La décision du gouvernement viole la Charte

Le gouvernement a pris une décision très dangereuse, qui viole la Charte de la coexistence et expose le pays à une crise majeure.

Où est le plafond de la Constitution ? Dans l'article «y», il est stipulé : «Aucune autorité ne peut être légitimée si elle contredit le Pacte de coexistence.» Vous l'avez contredit maintenant ?

Dans la déclaration ministérielle du gouvernement, il est stipulé : «La défense du Liban exige l'adoption d'une stratégie de sécurité nationale sur les plans militaire, diplomatique et économique.» Où est cette stratégie ? Avec qui en avez-vous discuté ?

Vous avez attaqué la stratégie, attaqué la sécurité nationale, tout rejeté. Maintenant, vous voulez délégitimer la résistance par le biais de la réunion gouvernementale et de ces décisions ?

Premièrement : l'accord de Taëf, la déclaration ministérielle et l'ensemble du processus ne vous confèrent pas ce droit, et vous ne pouvez pas la délégitimer.

La résistance puise sa légitimité des martyrs, du sang, de la libération, des droits et de la terre. Elle ne les prend pas de vos décisions et n'en a pas besoin.

N'entraînez pas l'armée dans des conflits internes. Son bilan est impeccable. Ses dirigeants ne veulent pas s'engager dans cette voie. Ne l'acculez-las dans cette affaire.

Nous présentons nos condoléances aux martyrs de l'armée libanaise tués à Zebqin. Ce sont les martyrs de la résistance, de l'armée et de la nation. Ce sont les martyrs du devoir envers l'humanité.

Pas question de quitter le gouvernement

Certains se demandent pourquoi nous ne sommes pas descendus dans la rue après la décision du gouvernement. Même l'ambassade des États-Unis s'en est étonnée !

Le Hezbollah et le mouvement Amal ont convenu de reporter l'idée des manifestations de rue, estimant qu'il y a encore une marge de manœuvre pour introduire des amendements.

Mais si une confrontation nous est imposée, nous y sommes prêts. Nous n'avons pas d'autres choix. À ce moment-là, des manifestations pourraient avoir lieu dans les rues, à l'ambassade des États-Unis ou ailleurs. Chaque chose a son temps. Mais ce n'est pas le moment.

Même notre maintien au sein du gouvernement reposait sur un accord selon lequel nous considérons que les deux sessions gouvernentales des 5 et 7 août comme inconstitutionnelles, comme si elles n'avaient jamais eu lieu dans l'histoire du Liban ni dans le contexte juridique actuel.

Nous continuerons à œuvrer dans le gouvernement pour ne pas les laisser seuls et pour les remettre sur le droit chemin.

Le gouvernement responsable de toute explosion interne

La résistance ne rendra pas les armes tant que l'agression se poursuivra et l'occupation persistera. Nous livrerons alors une bataille similaire à Karbala si nécessaire contre ce projet américano-israélien, quel que soit le coût. Et nous sommes sûrs que nous vaincrons. Loin de nous l'humiliation.

Le gouvernement libanais portera l'entière responsabilité de tout conflit qui pourrait survenir. Nous ne le souhaitons pas, mais certains s'y attellent.

Il porte la responsabilité de toute explosion interne et de toute dévastation au Liban. Le gouvernement portera la responsabilité d'avoir renoncé à assumer son devoir de défendre la terre du Liban et ses citoyens. Vous n'aurez aucune excuse si vous suivez cette voie et prenez ces décisions qui aboutissent à la dévastation du pays.

Faites votre devoir pour assurer la stabilité, défendre et protéger le Liban, et ne participez pas à l'agression contre une composante entière, contre tous ceux qui soutiennent la résistance, toutes tendances confondues.

Construisons ensemble le pays, et nous serons tous gagnants.

Un pays ne se construit pas sans l'une de ses composantes. C'est notre terre et notre patrie à nous tous ensemble.

Nous devons y vivre dignement ensemble et bâtir sa souveraineté ensemble. Le Liban ne survivra si vous vous tenez de l'autre côté, essayant de nous affronter et de nous éliminer.

Le Liban ne peut se construire qu'avec la participation de toutes ses composantes. Soit il subsiste et nous restons ensemble, sinon, que la paix soit sur le monde.

Et vous en assumerez l'entière responsabilité.

source : Al Manar

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